Présentation

2022-06-25

Qui sommes-nous ?

Fondée par 5 professionnelles du sanitaire et du social ( 2 accompagnatrices sociales, 3 médecins généralistes), rejointe ensuite par 1 orthophoniste et des bénévoles, l’association a pour objectif de développer des actions dans le domaine de la santé selon une approche globale, tenant compte de l’environnement social et économique, tout en favorisant un accès à la santé pour tou·tes. Elle s’inscrit dans les principes de la santé communautaire, tels qu’envisagés dans la charte d’Ottawa : « La promotion de la santé a pour but de donner aux individus davantage de maîtrise de leur propre santé et davantage de moyens de l’améliorer ».

L’une des actions avancées pour promouvoir la santé est le renforcement de l’action communautaire en puisant “les ressources humaines et matérielles de la communauté pour stimuler l’auto-assistance et le soutien social et pour instaurer des systèmes souples susceptibles de renforcer la participation et le contrôle du public en matière de santé. Cela exige un accès total et permanent à l’information et aux possibilités d’acquisition de connaissances concernant la santé, ainsi qu’une aide financière”

Pourquoi ce projet ?

Nos corps, notre intime, notre santé appartiennent à chacun·e. Nous croyons, pour autant, que beaucoup des difficultés rencontrées singulièrement sont bien souvent une problématique collective. Nous pensons donc que la santé est une question politique, que les réponses aux difficultés rencontrées sont collectives et qu’elles sont à créer, à développer et à co-construire.

Le système social dans lequel nous évoluons amène à traiter les problématiques de manière individuelle. Nous souhaitons rendre visibles les causes structurelles des maladies et de la souffrance, afin de désindividualiser les problématiques et d’y apporter des réponses, ou des moyens de lutte collectifs quand c’est possible, dans un objectif de justice sociale.

L’association SenS (Sentiers en Santé) cherche ainsi à ouvrir des espaces de “trans-formations” sociales en s’appuyant notamment sur des valeurs féministes. Cela signifie nommer et considérer l’ensemble des rapports de dominations, ceux liés au genre mais plus largement toutes les formes de domination, sociale, raciale, validiste, etc. C’est lutter contre ces dominations et les inégalités qui en découlent (allant jusqu’au risque d’une mort prématurée pour certaines populations) . Concrètement pour nous, cela veut dire valoriser les vécus des personnes minorisées et invalider les paroles, actes et stratégies qui permettent aux dominations de se maintenir. C’est mettre en avant les forces que représentent les valeurs féministes telles que le respect, l’écoute, le sens de la parole de chacun·e, l’accueil, la solidarité, l’entraide mutuelle, le care, la complicité, l’autonomie, la créativité…

Et la santé, au sens où nous l’entendons, et en tant que besoin fondamental pour chacun·e, est un espace privilégié pour agir sur ces inégalités sociales. Le projet de l’association SenS se fonde donc sur l’idée d’identifier des besoins en santé et de chercher à y répondre, collectivement, en associant toutes les personnes et structures concernées.

Que signifie la santé pour SenS ?

Le mot santé est à concevoir de manière large et globale, dans toutes ses dimensions notamment physique, psychique et sociale. C’est une notion riche et multiple, qui est souvent envisagée de manière très restreinte par les “professionnel·les de santé”, entre autres. La santé ne se considère pas seulement à l’échelle individuelle : la considérer à l’échelle collective lui donne une dimension politique et offre des leviers supplémentaires.

La santé est un état, un ressenti dans lequel les personnes se sentent confortables, et qu’elles considèrent comme acceptable pour elles-même. Être en santé permet d’être en mesure de s’occuper de soi-même et de ses proches, d’avoir de la marge de manœuvre dans sa vie, une liberté, une autonomie, une certaine sérénité pour aborder le futur.

La santé, c’est aussi et surtout un droit fondamental auquel toutes et tous devraient pouvoir accéder de manière inconditionnelle, sans aucune distinction ni discrimination.

Être en santé - physique, psychique et sociale - implique que nos besoins fondamentaux soient comblés, c’est-à-dire que l’on n’ait pas à se préoccuper de sa survie quotidiennement. Ainsi, la santé se déploie dans un environnement permettant la création de relations et liens sociaux entre les personnes et entre les personnes et leur environnement. La santé s’appuie sur des “déterminants de santé” qui correspondent à des éléments fondamentaux de nos vies : les conditions de logement, le mode de vie, les conditions de travail, l’alimentation, les conditions socio-économiques, la qualité de l’air, de l’eau….

La santé n’est donc pas simplement l’absence de maladie, et elle n’est certainement pas le domaine gardé du milieu “médical”. Il n’y a donc pas que les professionnel·les du sanitaire qui sont dans le “soins” et dans le “prendre soin” ou le “care”. Car, prendre soin signifie porter attention à quelqu’un, le considérer, lui porter un intérêt, c’est bien plus vaste que des techniques qui visent à aider les personnes dites malades. Le travail du care est une activité souvent minimisée, invisibilisée, dénigrée alors que ce travail demande de l’énergie et du temps. Prendre soin est un vrai travail, généralement peu valorisé. D’ailleurs, les métiers du care sont principalement assumés par des femmes, que ces métiers appartiennent au domaine sanitaire ou social. Prendre soin est aussi politique. C’est une attention collective. Dans un collectif, prendre soin les un·es des autres est une force, elle favorise la reprise de pouvoir.

Pourquoi et comment co-construire ce centre de santé communautaire ?

Nous avons réalisé un diagnostic communautaire avec la population de Langon et des environs, en utilisant des outils issus de pratiques d’éducation populaire, tels que l’enquête conscientisante, le portage de paroles, etc, et grâce à de nombreuses rencontres (réunion publique, groupes de travail, porte à porte …).

Nous savons que ce travail d’identification des besoins et des envies sera un axe permanent de notre travail, avant l’ouverture du centre et tout au long de son existence. Nous imaginons rester une structure à taille humaine mais travailler en réseau avec beaucoup d’autres. Nous voulons nous inscrire dans « la cité » et dans le réseau médico-social existant ; coopérer avec les initiatives et ressources existantes plutôt que « réinventer l’eau chaude » ; créer des ponts entre dynamiques, activités, professionnel·les plutôt que cloisonner ; s’entraider plutôt que rivaliser. Notre volonté première est de Faire Ensemble, à tous les niveaux, tous les endroits.

Nous souhaitons mettre au cœur de notre exercice professionnel un questionnement éthique permanent sur nos pratiques, en particulier autour des questions de postures d’accueil et d’accompagnement. Ce questionnement éthique devra se faire avec les habitant·es en tenant compte des places de chacun·e, c’est-à-dire en prenant en compte nos points de vue situés, influencés par un certain nombre de déterminants (statut social, race sociale, genre, revenus, profession,…).

La gouvernance de l’association sera partagée entre tou·tes les premier·ères concerné·es grâce à la présence d’habitant·es et de salarié·es dans le conseil d’administration. Nous avons opté pour des statuts nous permettant d’assurer l’horizontalité, le partage des pouvoirs et la participation de tou·tes les personnes impliquées au sein du centre. L’animation de notre gouvernance s’appuiera sur les principes de l’éducation populaire dans un but de transformation sociale et de prises de décisions collectives et éclairées.

Le statut associatif est également un choix qui consacre la liberté pour des individu·es de s’organiser collectivement librement et l’impossibilité de se partager les bénéfices éventuels.

Une équipe professionnelle et des habitant·es : que ferons-nous concrètement ?

Le Centre sera un lieu d’accueil inclusif, non stigmatisant, convivial, ouvert à toutes et tous, du lundi au samedi matin. Nous imaginons une approche globale de la santé en décloisonnant les pratiques sanitaires et sociales. Nous proposerons des accompagnements individuels (consultations médicales, accompagnement social, orthophonie…) et des ateliers collectifs se basant sur des besoins ou problématiques soulevés par les habitant·es.

Nous tenterons de réduire les inégalités sociales sur le territoire, avec notamment des missions d’accès aux droits et aux soins. Par exemple, afin de faciliter l’accessibilité financière des accompagnements, nous pratiquerons le tiers payant généralisé.

Toute personne sera accueillie en rapport avec les possibilités et limites matérielles et humaines du centre de santé, mais pas nécessairement accompagnée par les professionnel·les du centre. Nous souhaitons garantir au minimum un accès au centre, aux espaces de convivialité, à un accueil, des conseils, mais nous nous réservons le droit d’orienter les personnes en fonction de leurs situations et de la capacité d’accompagnement du centre.

Par ce projet, nous souhaitons donner aux personnes davantage de maîtrise de leur santé en partageant les savoirs et les pouvoirs entre professionnel·les mais surtout avec les personnes accompagnées.